Mes chers compatriots, mes chers compatriotes.
Vous êtes des idiots, vous êtes des idiotes.
Je ne ferai pas de discours rigolos pour
tourner en dérision ce que nous endurons tout les jours depuis le début de la
guerre en Syrie, ce serait trop facile, cliché et ennuyeux.
Je ne monterai pas un stand up pour encore
rire de votre bêtise. La votre puisque je ne me sens pas concernée tout comme
tout un chacun qui se considère en dehors de tout ça.
Il ne reste plus beaucoup d’humanité dans vos
cœurs. L’avez-vous remarqué ? J’en doute, vous avez toujours raisons,
surtout quand vous êtes hors la loi. Colériques, haineux, insultants,
vous êtes devenus plus que détestable, exécrables, haïssables, odieux, tous, tous. Les hommes
hystériques, les femmes vulgaires. C’est le monde à l’envers.
Même ceux et celles qui tentent de résister
sont quand même piégés malgré eux dans ce malheureux engrenage.
Prêts à écraser la petite vielle qui peine à
traverser la rue, à insulter celui qui s’est arrêté au feu rouge ou a pris plus de 2
secondes pour démarrer au vert, Alors même qu'on est dans le bon sens de la circulation, on se fait
insulter par celui qui vient en sens interdit, sans parler du nombre de
fois où on risque sa vie en échappant à des accidents monstrueux.
N’oubliez jamais que nous sommes un petit pays
et que celui que vous venez d'injurier est probablement un cousin du 5e
degré, ou l’ami de l’amie de votre ami.
Comme je l’ai toujours dis, et je suis loin d'
être la seule à avoir fait cette découverte, le jour où les Libanais conduirons
en respectant le code de la route, nous serons sauvé. Pour le moment et les
moments à venir, on bouffera de la merde, rien que ça.
Plus personne ne supporte personne, plus
personne n’est polis, pas un minimum de civisme ni de respect. C’est la foire,
la jungle, chacun pour soi. Les plus fort en profitent, ceux qui gueulent
parce qu’ils n’ont pas raison et qu’ils savent que les lois ne se font guère
appliquer depuis belle lurette que quand il y a un petit trou dans les finances
et que l’état a besoin de remplir les caisses en faisant payer à tors et à
travers les citoyens, pour la plus part ces quelques gens biens qui ont fauté
une fois en passant ou qui ont fait comme tout le monde fait depuis des années.
Vas y, aventures toi à intenté un procès, tu es sure de perdre ton temps, ton
argent, tes nerfs et ta dignité pour strictement rien.
On recommence à fumer dans les bars et restaurants.
Le niveau des spectacles culturels, déjà
médiocre depuis toujours, est en chute libre, c’est à en pleurer.
L’internet est lent.
Les communications coupent en pleine
conversation.
On se fait agresser en plein jour.
On se fait agresser en pleine nuit.
On se fait agresser pour 5000 ll.
Tout le monde a une arme au moins, certains,
les plus dangereux, en ont des tonnes qu’ils utilisent quand bon leur semble.
Les familles de délinquants font la loi, la leur, dans les rues comme au temps des tribus.
Les mobylettes se croient tout permis.
Les camions se croient en mobylette.
Les daraks draguent salement dans les rues et
rebroussent chemin à l’entrée de dahiyé alors qu’une jeune femme qui a fait le 112 est assaillie
par des barbares en furie.
Les Syriens piquent le peu de postes disponibles aux Libanais, lesquels
se retrouvent au chômage pour goûter aux joies de la vie sans le sou
dans un Liban où tout a renchéri.
Les salafistes sont en liberté tout comme les
poubelles.
Les incapables au pouvoir, barbus, moins barbus,
rasé et chauves, petits jeunets inexpérimentés et grands séniles répugnants, entre
temps font leurs petites affaires et se remplissent non seulement les poches,
mais les nombreux comptes en banque - hors du Liban comme il se doit, bien
évidemment, et sans le moindre scrupule.
Comment survivre encore, un an dans ce pays de
merde. Les dents qui grincent, les mâchoires qui se bloquent, les crampes au
ventre, les cheveux qui blanchissent, les crises de nerfs et de colère qui se
multiplient. Chaque jour est une épreuve, chaque minute une bataille,
s’enfermer chez soi est le seul moyen et plus personne ne veut des Libanais
chez eux. Même pas l’Afghanistan. Alors le Canada, l’Australie, les USA, la
France, l’Allemagne, n’en parlons pas. Vous pourrez pourrir en enfer, l’enfer
c’est ici, l’enfer, cher Jean-Paul, c’est les autres Libanais.
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