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Wednesday, March 20, 2013

Un.re(a)lating , le dernier spectacle de Nada Kano, fort et audacieux



Now Lebanon,
Mars 2013

C’est sur les planches du Théâtre Madina que la Beirut Dance Company présente son nouveau spectacle de danse contemporaine : un.re(a)lating ; sous la direction artistique et la chorégraphie de Nada Kano qu’ il n’est plus indispensable de présenter.
C’est un spectacle ambitieux porté par les danseurs Chadi Aoun, Léa Chikhani, Daniel Balabane, Julie Dernigoghossian, Sara Karam, Kim Baraka et Maya Nasr.
C’est sur un thème qui traite de la vision floue entre la réalité et la non-réalité que Kano a composé.
Ce thème est d’ailleurs actuel, puisque quand on l’interroge sur son choix, elle explique que nous nous confrontons constamment au problème de communication avec l’autre. La difficulté de s’expliquer est grande et les ambiguïtés encore plus. « (…) J’ai choisi de m’exprimer à travers la danse, le mouvement, et ce qui importe c’est ce que tu as vu et non pas ce que j’ai voulu dire (…) »
C’est sur cette complexité apparente que la chorégraphie se dévoile, riche, compliquée et inventive. Les corps s’imbriques les uns dans les autres, sur, sous… c’est très physique, athlétique même !
Bravo pour la dextérité dans le geste. Des heures de travail apparaissent derrière cette réalisation. Nous saluons les danseurs pour leur courage et pour le résultat.
Le spectacle se veut sobre en couleurs et graphique sur fond de décor dénudé. Choix approprié puisqu’il met en valeur les corps des danseurs, musclés et beaux à regarder.
Le show débute à 21h au lieu de 20h30, mais nous sommes au Liban me diriez vous.  Une vidéo-projection de Cynthia Raphael inexistante sur scène est annoncée dans le programme ce qui reste une petite déception.
L’éclairage, la musique et les costumes sont honnêtes.
L’entrée en scène et la sortie sont peu convaincantes. La première partie  est costaux mais un peu trop longue et répétitive. On est bombardés de portées alternées, du début jusqu'à la fin, au point de s’en lasser. On a envie de les voir faire autre chose.
La deuxième partie enfin entamée, est plus intéressante au niveau sonore et visuel  et elle accroche mieux. Les talents vocaux de Daniel Balabane auraient pu être mieux exploités, bien qu’il apporte un brin de modernisme à la musique.
On est séduit par le solo de Sara Karam. Elle a une belle présence et elle dégage. On sent qu’elle prend plaisir à la danse. Son passage est poignant.
La troisième partie est plus aéré et plus dansante. Le couple s’en sort, il y a une synergie, mais ça reste une exécution de gestes successifs sans émotion vrai.
C’est d’ailleurs le faible des élèves de Kano qui ont du mal à se lâcher. Ils sont sans aucun doute perfectionnistes au niveau de la technique mais ils s’y emprisonnent.  
Un danseur n’est pas uniquement un technicien, mais est avant tout une personnalité, un charisme, qui hypnotise le public et lui enflamme le cœur.
La technique des danseurs est basée sur le travail de la danse classique ce qui est une aubaine dans le paysage Libanais de la danse, où l’on voit beaucoup de n’importe quoi…
On ne peut pas nier le labeur de Kano et sa détermination, au fils des années, 10 ans déjà, à créer une troupe de danseurs Libanais de niveau.
La route est longue est jonchée de difficultés dans un pays ou le gouvernement n’est pas capable de soutenir de tels projets. Mais sa force de caractère, son amour pour la danse et la volonté de ces élèves lui ont permis de réaliser un beau parcours. Ces spectacles ont toujours été conceptuels et dans l’air du temps, souvent teintés de tragique.
Ce tragique qui transparait, comme un fil conducteur dans son œuvre. On le retrouve aussi dans ce spectacle, comme une signature personnelle. « Sans le tragique, nous n’avons rien à dire » affirme-t-elle. « Dans ce pays, c’est une bataille journalière pour casser les mentalités face à la danse. » Nada en a souffert comme tout danseur qui rêve de monter sur scène. C’est sa rage contre cela qui la fait avancer dans son combat.
Son public le lui rend bien. Celui de la première a été attentif durant la représentation et a sans aucun doute aimé le spectacle puisqu’il l’a ovationné. Les applaudissements ont été couronnés de « Bravo » énergiques et venant du cœur.

Déborah Phares
Lien de l'article en arabe: 

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